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ROMAN D’UN PÈRE.

— De sorte que si je ne te donne pas la somme que tu me demandes ?… fis-je plein d’humeur et de dégoût.

— Il viendra dans ma chambre ce soir, murmura-t-elle honteuse. Je ne puis supporter sa présence, continua-t-elle — Et le tremblement nerveux dont m’avait parlé Félicie apparut aussitôt à la seule idée de cette présence abhorrée.

— Le misérable ! m’écriais-je en serrant les deux poings. Puis je courus à mon secrétaire, j’y pris un paquet de billets de banque que je remis à ma fille.

— Surtout, lui dis-je, donne-les un à un ; qu’il paye chaque concession au prix que tu jugeras convenable. Bannis-le irrévocablement, et s’il manque à sa promesse, viens me trouver, je te défendrai contre lui, oui, je te défendrai, quand je devrais le tuer !

Effrayée de ma violence, Suzanne fit de son mieux pour l’apaiser, mais je ne voulais rien entendre.

— Écoute, lui dis-je, à mes yeux, il n’est pas de pire outrage que celui qu’un mari peut infliger par son amour, feint ou réel, à une femme qui le déteste et le méprise. Si jamais ton mari