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SUZANNE NORMIS.

jusque-là je n’avais pas remarqués me revenaient à la mémoire.

— As-tu une voiture ? demandai-je à ma fille.

— Pas encore.

— Et l’ameublement de l’hôtel, est-il payé ?

— Je ne crois pas. Il me semble que le tapissier est venu avant-hier… Voyons, mon petit père chéri, ne te fâche pas ! N’est-il pas naturel qu’on ne puisse payer tout d’un coup une somme comme celle-là ?

— Non, dis-je avec force, ce n’est pas naturel, quand on vient de vendre un domaine estimé à près d’un million. M. de Lincy devait avoir des capitaux à placer, et ce n’est pas un misérable compte de tapissier qui pourrait le mettre de mauvaise humeur…

Suzanne essaya de me calmer, mais j’avais l’épine enfoncée trop avant au cœur pour que sa tendresse me rassurât complètement, et nous reprîmes le chemin de la ville en silence.