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ROMAN D’UN PÈRE.

avec hésitation, pour des vétilles… Ce n’est pas la peine d’en parler.

— Écoute, lui dis-je alors, la chose est fort grave ; si mon gendre a des embarras d’argent, c’est déjà un point assez important pour que j’en sois informé ; mais s’il te fait souffrir de ses accès de mauvaise humeur, c’est encore plus sérieux.

Suzanne baissa la tête et ne répondit pas ; ses doigts tortillaient nerveusement le coin de la nappe. Au bout d’un instant, elle leva les yeux, et son visage changea d’expression :

— Mon Dieu ! père, s’écria-t-elle, que tu es pâle ! Voyons, ne te tourmente pas comme cela. Il a mauvais caractère, c’est bien certain ; mais en n’y faisant pas attention, je viens bien à bout de me débarrasser de lui ! Cher père, ajouta-t-elle en venant à moi, je suis heureuse malgré cela, oui, je suis heureuse, — elle avait noué ses bras autour de mon cou, — rien ne me manque, je fais ce que je veux.

— Tu as envie de faire des visites ? interrompis-je en la serrant dans mes bras.

Elle rougit, sourit, hésita et finit par répondre :

— Non ! mais tu as bien vu que c’est sa mau-