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ROMAN D’UN PÈRE.

— Vous avez un bien joli Van Goyen, me dit-il avec la plus grande aisance. L’avez-vous payé cher ?

Suzanne rentra bien à propos pour me dispenser de répondre. Elle passa son bras sous le mien et m’emmena sur un canapé où nous restâmes silencieux, — sa main dans ma main. Mon gendre fit la conversation tout seul jusqu’à l’arrivée de ma belle-mère, qu’il accapara pour le reste de la soirée. Ils partirent à neuf heures du soir, me laissant avec madame Gauthier qui avait vu Félicie et qui me fit une scène épouvantable.

— Voilà ce que c’est de ne prendre conseil de personne quand on choisit son gendre, me dit-elle, en terminant sa première apostrophe.

Ce coup inattendu m’abasourdit tellement que je ne lui répondis pas un mot, et elle parla longtemps.


XXIII


Tout cela me rendait fort perplexe ; mon gendre avait bien raison : entre l’arbre et l’écorce… Mais j’étais le père de Suzanne, cependant, et