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ROMAN D’UN PÈRE.

sistible désir de porter le mouchoir à mes lèvres… Je ne pus y tenir, et cachant mon visage dans la batiste, je sentis tout à coup mes yeux déborder de larmes, — je crois que c’étaient des larmes de joie.

Un bruit me fit reprendre ma dignité : Pierre s’était glissé dans le cabinet, et, la main sur le bouton de la porte, il toussait discrètement pour m’avertir de sa présence.

— Qu’y a-t-il ? lui dis-je en affectant une grande liberté d’esprit.

— Rien, monsieur, c’est-à-dire, mademoiselle est revenue… madame, veux-je dire… Ah ! monsieur, je suis bien content !

Et voilà mon Pierre qui se met à chercher son mouchoir dans sa poche en reniflant d’une façon fort émouvante.

— Je demande pardon à monsieur, reprit-il quand il eut trouvé cet objet à carreaux et qu’il se fut mouché, mais ça me fait un drôle d’effet de voir mademoiselle…

— Vous n’êtes qu’une bête, mon ami, repondis-je à mon vieux serviteur.

Mais Pierre au lieu de paraître offensé, me regardait avec des yeux rayonnants. Je crus le