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ROMAN D’UN PÈRE.


XXI


Le mois d’octobre vint ; Suzanne m’avait écrit tous les quinze jours des lettres officielles qui évoquaient devant moi l’image de mon gendre, fièrement campé sur ses jarrets et lisant d’un air doctoral les lignes tracées par sa femme. J’avais appris par ces lettres que la campagne était superbe, le temps très-doux, la vendange fort amusante, — et c’était tout.

Un soir, je me chauffais les pieds au feu, — ce premier feu d’automne si charmant quand on est deux à le regarder, si triste quand on est tout seul, à moins qu’on ne soit un vieux garçon égoïste, — et je me faisais de la morale :

— Comment, me disais-je, te voilà devenu vieux, tu as passé l’âge des rêveries sentimentales, et tu te reprends à remonter vers le passé, à regretter l’année dernière, où ta fille était là te faisant la lecture… Avais-tu rêvé, vieil égoïste que tu es, que Suzanne serait toujours là pour