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SUZANNE NORMIS.

— Je le sauverai, tu verras ! me disait-elle avec des yeux brillants de joie et d’espérance.

Hélas ! elle l’avait sauvé, mais à quel prix !

Lorsque j’eus refermé la porte sur l’enfant, je revins m’asseoir auprès de la mère. Elle n’avait voulu personne auprès d’elle pendant sa maladie. Les femmes de chambre et les gardes-malades étaient sous la main, prêtes à secourir, mais nous étions restés seuls ensemble ; aucun tiers incommode n’avait troublé la joie que nous éprouvions — même à cette heure terrible — à nous trouver l’un près de l’autre.

— Comme elle est belle ! dit ma femme en serrant la main que je venais de mettre dans la sienne.

C’est de Suzanne qu’elle parlait ; toute sa vie était concentrée sur cette petite tête blonde.

— Elle est sauvée maintenant ; elle va grandir ; elle deviendra grande et belle, et elle t’aime tant !

Ma femme parlait facilement. J’en fus surpris ; puis je me rappelai soudain que ces sortes de maladies amènent toujours un mieux sensible avant la fin. Je baissai la tête, et je m’appuyai sur l’oreiller, ma joue contre la joue de ma femme.

— Écoute, reprit-elle au bout d’un moment,