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SUZANNE NORMIS.

fait pour me retenir toutes les instances qu’un gendre bien élevé doit à son beau-père, me reconduisit en break jusqu’à la station. Suzanne avait préféré me dire adieu chez elle, loin des yeux curieux, — et loin de son mari, je dois le dire.

— Vous allez à Paris ? me dit mon gendre en me serrant la main, au moment où le train approchait.

— Oui, et de là chez moi… Nous nous reverrons en octobre.

— Au revoir, me dit-il.

Et je montai en wagon. Ni lui ni moi n’en avions parlé, mais nous avions très-bien compris l’un et l’autre qu’il ne pouvait être question de vivre sous le même toit.

Cependant j’avais tellement besoin de la présence de ma fille que, pour l’avoir chez moi, pour la rencontrer dans l’escalier, pour entendre son pas léger au-dessus de ma tête, non-seulement j’eusse toléré mon gendre, mais j’eusse été un beau-père modèle. Malgré ce désir ardent, je ne voulus point réclamer l’exécution de sa promesse, et j’appris au bout de quinze jours qu’il faisait meubler un appartement du côté des