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ROMAN D’UN PÈRE.

endimanché, groupé dans les bancs d’une manière pittoresque, semblait amené tout exprès par la nécessité de faire un fond à ce tableau, de meubler cette jolie chapelle.

Le curé fit un sermon, ni bon ni mauvais ; — je l’écoutai avec une attention qui pouvait passer pour du recueillement ; Suzanne, moins vaillante, laissa doucement tomber sa jolie tête sur son sein, dans une attitude qui ressemblait moins à la méditation qu’au sommeil…

J’aurais respecté ce repos salutaire jusqu’à la fin, — mais mon gendre, par une secousse discrète imprimée à la robe de sa femme, la tira de son engourdissement. La pauvre petite fit un brusque mouvement, rougit, sourit, se frotta un œil du bout de l’index, se redressa et prit un air de grand recueillement. Les deux enfants de chœur sourirent, — mon gendre avait un air pincé pour lequel je l’aurais battu d’abord, et qui ensuite m’inspira une certaine envie de me moquer de lui…, mais je n’en eus garde.

Tout finit cependant. À la sortie, Suzanne exerça très-gentiment ses devoirs de dame châtelaine ; elle interrogea les mères, tapota la joue des enfants, glissa quelque aumône dans la main des vieillards, puis nous reprîmes la route du