Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
SUZANNE NORMIS.

reçu vos salutations ? Mon Dieu, que vous avez dû être drôles tous les deux quand vous vous êtes trouvés nez à nez !

Et ma fille éclata de rire ; ce rire perlé, si doux et si communicatif, ne dérida pas M. de Lincy, qui n’en parut, au contraire, que plus soucieux.

Nous nous dirigeâmes tous trois vers la maison, silencieux, car Suzanne ne riait plus et n’avait plus l’air de vouloir recommencer de longtemps. Je pensai à part moi que mon gendre était quinteux.

Le déjeuner nous attendait, servi avec magnificence : tout était magnifique dans cette maison, le propriétaire plus que tout le reste, Suzanne, chose étrange, n’avait point chez elle cet air de jeune matrone qui la rendait si drôle et si charmante quand elle présidait chez nous aux repas de famille. Elle mangeait du bout des dents, mettait beaucoup d’eau dans son vin et se conduisait, en un mot, comme une demoiselle bien élevée qui dîne en ville.

Comme on servait un plat :

— Encore ces maudits œufs brouillés aux pointes d’asperges ! s’écria mon gendre. Je ne