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SUZANNE NORMIS.

Et nous reprîmes notre marche.

— C’est très-joli ici, reprit-elle au bout d’un instant, — quand il ne pleut pas, s’entend. Mon Dieu ! qu’il a plu pendant la première semaine ! Je n’avais jamais vu tomber tant d’eau !

La question qui me brûlait les lèvres finit par sortir :

— Es-tu heureuse ?

— Mais oui ! répondit-elle tranquillement, — trop tranquillement peut-être.

— Et ton mari ?

— Mon mari est très-aimable. Seulement tantôt il m’a vexée. Je voulais aller à ta rencontre, à la station…

— Eh bien ?

— Il n’a pas voulu, il déteste les épanchements de famille en public, m’a-t-il dit ; au fond, il a peut-être raison, — mais j’étais vexée et je suis venue à ta rencontre dans le parc. Faisons l’école buissonnière !

Cette proposition était trop de mon goût pour ne pas être acceptée, et nous voilà vagabondant tous deux dans le parc, vraiment fort beau, que Suzanne connaissait déjà par cœur. Je cherchai à obtenir quelques indications sur le genre de vie de Suzanne, sur ses impressions, sur l’opi-