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SUZANNE NORMIS.

— Si fait ; je ne sais trop à quoi l’attribuer ; peut-être m’étais-je trompé alors dans la gravité du pronostic.

Je me levai et je le foudroyai de mon regard.

— Si vous avez fait cela, docteur, m’écriai-je, si vous m’avez fait marier ma fille inutilement, je ne vous le pardonnerai de ma vie !

— Inutilement ! répéta le docteur en riant, inutilement est bien joli. Eh ! mon Dieu, tant mieux qu’elle soit mariée, la chère enfant ! Vous voilà tranquille, et quand vous aurez des petits-fils…

— Vous appelez cela être tranquille, grommelai-je d’un ton bourru.

Mais la perspective des petits-fils me consolait un peu. Cependant les fils de M. de Lincy auraient vraiment besoin d’être aussi ceux de Suzanne pour se faire supporter. Je le dis au docteur qui me rit au nez.

— Oui, oui, dit-il, c’est toujours comme cela, et puis on s’y fait. Tenez, votre belle-mère me disait exactement la même chose il y a vingt-quatre ans, quand elle vous donna sa fille en mariage, et vous voyez pourtant si elle a aimé sa petite-fille !

Comme je rentrais, je croisai sous le vesti-