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ROMAN D’UN PÈRE.

— Que dois-je donner à Suzanne ? repris-je enfin. Tout cela me paraissait douloureux comme une agonie.

— Donnez-lui dix autres mille francs de rente, insista le notaire, avec un capital inaliénable.

— Faites comme vous voudrez, dis-je en me levant, je n’entends rien à ces choses que je trouve horriblement pénibles. Je souffre… arrangez tout pour le mieux, afin que dans sa vie conjugale, ma fille soit heureuse…

Je m’en allai le cœur serré, et j’eus besoin de quelques heures de repos pour me remettre. En entrant au salon, vers six heures, je trouvai Suzanne, vêtue de clair, gaie et bavarde comme je ne l’avais jamais vue ; un bouquet superbe parfumait trop fort l’appartement, elle riait avec son fiancé… J’eus envie d’étrangler cet homme que je trouvai insupportable.

Il fallait pourtant le supporter. Les jours s’écoulaient… les bouquets se suivaient et se ressemblaient, mes angoisses aussi, — j’étais devenu nerveux, impatient, presque méchant. Mes entrevues avec mon notaire me donnaient des palpitations de cœur.

— Il est décidément très-fort, M. de Lincy,