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SUZANNE NORMIS.

unes que les autres, se retrouvaient confondues ! Que d’amour, que de regrets, que de prières ! Et nous nous étions tant aimés… et nous n’étions mariés que depuis six ans !…

— Qu’est-ce qu’il t’a dit ? murmura ma femme pendant que je me penchais sur elle, couvrant de baisers timides son front et ses cheveux noirs, si doux, si longs, dont les tresses roulaient jusqu’à ses genoux sur le drap brodé.

— Il m’a dit que ta fièvre va tomber, ma chérie, lui dis-je en continuant à l’embrasser afin qu’elle ne vît pas mon visage ; je me sentais très-calme cependant, et, sinon résigné, au moins prêt à tout.

— Oui, répondit-elle tout bas, et comme à elle-même ; et quand la fièvre sera tombée, je m’en irai.

Un petit piétinement derrière une porte placée auprès du lit me coupa la parole. La porte s’ouvrit, et notre fille Suzanne entra sur ses deux petits pieds encore incertains.

— Maman ! dit-elle avec un cri d’oiseau qui revient au nid, maman et papa ! voilà !

De ses toutes petites mains gantées de moufles en laine, elle serrait sur sa poitrine un bouquet de lilas blanc. La bonne qui la suivait me dit