Page:Grégoire de Nysse - Homélie contre les usuriers, 1853.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II. L’orateur s’excuse d’aborder un sujet qui a déjà été traité avec tant de talent et tant d’autorité par saint Basile.

III. Au lieu d’être, comme il le doit, l’ami du pauvre, l’usurier agit avec lui en implacable ennemi ; au lieu de soulager la misère de celui qui souffre, il la lui rend plus terrible.

IV. Tableau de la vie oisive de l’usurier : il consomme et ne produit pas ; loin d’être utile à ses semblables, il devient leur fléau ; c’est son or qui travaille pour lui, et il gémit, s’il voit parfois ses capitaux oisifs. Il ne garde rien à la maison, il se dépouille de tout sur la foi d’un contrat ; et ce même homme, qui se repose sur l’obligation écrite d’un malheureux sans ressources, n’a point de confiance en la parole du Dieu dont l’univers entier forme le domaine, et dont les trésors sont inépuisables.

V. Combien l’usurier ne prend-il pas de peines pour arriver à un résultat misérable, si on le compare aux biens promis par Dieu ! Combien n’éprouve-t-il pas de tourments et d’angoisses ! C’est en vain qu’il veut tirer des fruits d’une terre stérile : la main toute-puissante de Dieu peut seule accomplir ce qui semble impossible, et faire sortir quelque chose de rien.

VI. L’usurier se met en dehors de la loi chrétienne, qui défend l’usure ; il ne peut même demander à Dieu la remise de ses fautes, lui qui n’a jamais remis leur dette à ses débiteurs. Qu’importe qu’il fasse l’aumône ? cet argent qui soulage un malheureux a coûté des larmes à cent pauvres.

VII. C’est par humanité, c’est par bonté d’âme que je prête, dit l’usurier. Est-ce donc un effet de cette bonté que tant de malheureux se donnent la mort pour échapper aux poursuites, et laissent des enfants sans pain, que tourmentent encore d’impitoyables créanciers ?

VIII. De quel œil l’usurier regardera-t-il sa victime au jour de la résurrection ? Que répondra-t-il devant le redoutable tribunal ? Il connaissait la loi divine, et il l’a volontairement bravée : le châtiment est inévitable.

IX. Ce châtiment s’appesantit quelquefois sur l’usurier dès cette vie. Mort soudaine d’un usurier qui avait si bien caché son or que