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les promesses divines à ceux qui auront bien vécu défient, par leur nature, la possibilité d’en donner un aperçu. Comment décrire en effet ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas ouï, ce qui n’est pas parvenu jusqu’à l’esprit de l’homme [I Cor., ii, 9] ? La vie douloureuse des pécheurs ne peut, elle non plus, être comparée à rien de ce qui fait souffrir les sens ici-bas. Même si l’on applique à quelqu’un des châtiments infligés dans l’au-delà les noms connus ici-bas, la différence reste immense. Par le mot : feu [Isaïe, lxvi, 24 ; Marc, ix, 48 ; Matt., iii, 10 ; Luc, iii, 9], vous avez appris à concevoir tout autre chose que le feu d’ici-bas, parce que celui-là possède une propriété que n’a pas celui-ci ; l’un en effet ne s’éteint pas, tandis que l’expérience a découvert bien des moyens d’éteindre l’autre, et la différence est grande entre le feu qui s’éteint et le feu inextinguible. C’est donc tout autre chose que le feu d’ici-bas.

[8] Qu’en entendant parler du ver [Isaïe, lxvi, 24 ; Marc, ix, 48], on ne se laisse pas entraîner non plus, par la similitude des noms, à songer à cette bête qui vit sur la terre ; le qualificatif d’éternel qui s’y ajoute nous fait concevoir en effet une nature différente de celle que nous connaissons. Puisque ce sont là les traitements qui nous attendent dans l’autre monde, et qu’ils sont, dans la vie, le résultat et l’épanouissement de la libre volonté de chacun selon l’équitable jugement de Dieu, les esprits sages doivent avoir en vue non pas le présent, mais l’avenir, jeter dans cette vie brève et passagère les fondements de l’ineffable félicité, et, en tournant leur volonté vers le bien, se garder de faire l’expérience du mal, aujourd’hui pendant la vie, plus tard au moment de la rémunération éternelle.