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nir en quelque sorte à son milieu naturel, en détachant sa foi de la nature supérieure.

[6] Se mettre en effet sous la dépendance de quelque objet créé, c’est placer, à son insu, l’espoir de son salut dans cet objet même, et non dans la divinité. Car dans la création, tout se tient étroitement, parce que tout passe au même degré du néant à l’être. Et de même que dans la structure des corps, une étroite affinité unit entre eux tous les membres, que les uns se trouvent à la partie supérieure, et les autres à la partie inférieure du corps, de même la nature créée ne fait qu’un dans le plan de la création, et la différence qui sépare en nous l’élément supérieur de l’élément inférieur n’introduit aucune désunion dans sa cohésion interne. Les choses qui ont été d’abord conçues comme également dépourvues d’existence, même si elles diffèrent sur d’autres points, ne nous découvrent sur celui-là aucune différence de nature.

[7] Si donc l’homme est créé, et s’il regarde aussi comme des créatures l’Esprit et Dieu le Fils unique, il serait insensé d’espérer un changement qui l’amènerait à la vie supérieure, alors qu’il revient à lui-même. Ce qui lui arrive est semblable aux idées que se faisait Nicodème. Apprenant du Seigneur qu’il faut naître d’en haut, et ne comprenant pas le sens de la révélation, il se trouvait ramené par ses raisonnements au sein maternel [Jean, iii, 4]. De sorte que s’il se dirige, non vers la nature incréée, mais vers la création qui partage son origine et sa servitude, il appartient à la naissance qui vient d’en bas, et non à celle qui vient d’en haut. Or l’Évangile dit que la naissance des créatures en voie de salut vient d’en haut [Jean, iii, 3].