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mouvement, quand elle peut prendre pour source de sa propre existence la nature stable et immuable.

[4] La vertu de l’acte accompli est en effet en rapport avec la disposition de l’âme qui s’approche du sacrement. Par suite, si elle reconnaît le caractère incréé de la sainte Trinité, elle entre dans la vie stable et immuable, tandis que si une conception erronée lui fait voir dans la Trinité la nature créée, et si elle reçoit dans cette idée le baptême, elle se trouve naître de nouveau à l’existence changeante et en proie à l’altération : car l’être engendré partage nécessairement la nature des parents.

[5] Qu’y aura-t-il donc de plus avantageux ? d’entrer dans la vie immuable, ou d’être de nouveau ballotté sur les flots d’une existence instable et changeante ? Pour quiconque a la moindre parcelle de raison, la stabilité a beaucoup plus de prix que l’instabilité, la perfection que l’imperfection, ce qui est sans besoin que ce qui a des besoins, et l’être dont l’élévation se fait progressivement est inférieur en dignité à celui qui n’a pas de progrès à réaliser, et qui reste immuable dans la perfection. Un esprit sensé sera donc bien forcé, en tout cas, de choisir entre les deux partis : ou de croire que la sainte Trinité rentre dans la nature incréée, et ainsi de la prendre, dans la naissance spirituelle, pour source de sa propre vie, — ou bien, s’il regarde le Fils et le Saint-Esprit comme étrangers à la nature du Dieu qui a le premier rang, du Dieu véritable et bon, — je veux dire à la nature du Père, de ne pas adopter ces croyances au moment de sa naissance, s’il ne veut pas entrer à son insu dans la nature imparfaite, qui a besoin d’amélioration, et reve-