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à cette chair glorieuse la propriété commune à tous les hommes : ce corps, lui aussi, se maintenait à l’aide du pain. Mais ce corps, devenu le séjour de Dieu, avait été transformé par sa présence et élevé à la dignité divine. Nous avons donc maintenant raison de croire que le pain sanctifié par le Verbe de Dieu se transforme pour devenir le corps de Dieu le Verbe.

[10] Et en effet ce corps était du pain en puissance, et il a été sanctifié par la présence du Verbe qui a résidé dans la chair. Le changement qui a élevé à la puissance divine le pain transformé dans ce corps, amène donc ici encore un résultat équivalent. Dans le premier cas en effet, la grâce du Verbe sanctifiait le corps qui tirait du pain sa substance, et qui en un sens était lui-même du pain ; de même ici le pain, suivant la parole de l’Apôtre [I Tim., iv, 5], est sanctifié par le Verbe de Dieu et par la prière ; mais ce n’est pas par la voie de l’aliment qu’il arrive à être le corps du Verbe ; il se transforme aussitôt en son corps, par la vertu du Verbe, comme il a été dit dans cette parole : « Ceci est mon corps » [Marc, xiv, 22 ; Matt., xxvi, 26 ; Luc, xxii, 19].

[11] Mais toute chair a besoin aussi de l’élément humide pour se nourrir, car sans ce double concours, ce qu’il y a en nous de terrestre ne pourrait rester en vie ; de même donc que nous soutenons la partie solide de notre corps par une nourriture consistante et solide, de même nous fournissons à l’humidité un supplément tiré de l’élément qui a la même nature ; une fois en nous, il se change en sang par notre faculté d’assimilation, surtout si par son mélange avec le vin il acquiert le pouvoir de se transformer en chaleur.