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faculté d’assimilation qui, de part et d’autre, fait prendre à la nourriture la forme du corps.

[8] Ces points ayant été ainsi bien établis par nous, nous devons ramener notre pensée au sujet qui nous occupe. On recherchait en effet comment le seul corps du Christ peut vivifier entièrement la nature des hommes qui possèdent la foi, en se partageant entre tous sans s’amoindrir lui-même. Peut-être touchons-nous donc à l’explication vraisemblable du fait. Admettons en effet les points suivants : tout corps tire sa substance de la nourriture, et cette nourriture consiste en aliment solide et en boisson ; le pain fait partie des aliments solides, tandis que l’eau adoucie à l’aide du vin se range dans la boisson ; d’autre part, le Verbe de Dieu, à la fois Dieu et Verbe, comme on l’a établi au début, s’est mélangé à la nature humaine, et une fois dans notre corps, sans imaginer pour la nature une nouvelle manière d’être, a fourni à ce corps le moyen de subsister par les procédés habituels et appropriés : il maintenait sa substance à l’aide d’aliment solide et de boisson, et cet aliment solide était le pain. [9] Dans ces conditions, de même que pour nous, comme on l’a déjà dit bien des fois, quand on voit le pain, on voit en un sens le corps humain, puisque le pain pénétrant dans le corps devient le corps lui-même, de même ici, le corps en qui Dieu s’était incarné, puisqu’il se nourrissait de pain, était en un sens identique au pain, la nourriture, comme on l’a dit, se transformant pour prendre la nature du corps. On a reconnu en effet