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soi, ne fonde pas son existence sur une substance propre, mais se maintient et subsiste grâce à la force qui afflue en elle, attirant par un mouvement incessant ce qui lui manque, et rejetant ce qui est inutile ? [6] Supposons une outre pleine de liquide ; si son contenu s’échappait par le fond, elle ne conserverait pas sa forme renflée, à moins qu’un autre liquide n’y pénétrât par le haut pour combler le vide qui se produit ; on se rend compte ainsi, devant le pourtour volumineux du récipient, qu’il n’appartient pas en propre à l’objet qu’on voit, mais que c’est l’afflux du liquide qui, à l’intérieur du récipient, moule les contours du volume. De même, nous ne voyons pas que la structure de notre corps ait en propre aucun moyen de se maintenir : c’est la force qu’on y introduit qui assure sa permanence.

[7] Cette force est la nourriture, et elle en porte le nom. Elle n’est pas la même pour tous les corps qui se nourrissent, mais chacun a sa nourriture appropriée qui lui a été assignée par l’organisateur de la nature. Certains animaux se nourrissent de racines qu’ils déterrent, d’autres vivent d’herbes, quelques-uns de chair ; quant à l’homme, il se nourrit principalement de pain. Pour entretenir en nous et conserver l’élément humide, nous avons pour boisson non seulement de l’eau pure, mais souvent de l’eau adoucie avec du vin, afin d’accroître notre chaleur interne. Quand on considère ces éléments, on considère donc ce qui est, en puissance, le volume de notre corps ; une fois en moi, ils deviennent en effet mon sang et mon corps, en vertu de la