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[5] La terre n’est donc pas plus éloignée que le ciel de la majesté divine, et le ciel n’en est pas plus rapproché qu’elle ; et les êtres qui habitent chacun de ces deux éléments ne diffèrent en rien les uns des autres, à ce point de vue. On ne peut donc dire que les uns touchent à la nature inaccessible, et que les autres en soient séparés ; autrement nous supposerions que la puissance souveraine de l’univers ne s’étend pas également à toutes choses, mais qu’elle surabonde ici et que là elle est insuffisante. Cette différence de mesure et de degré aurait pour conséquence logique de faire apparaître la divinité comme composée, ne s’accordant pas avec elle-même, si on la supposait éloignée de nous, par la loi de sa nature, et rapprochée au contraire de quelque autre créature, et facile à saisir par suite de cette proximité.

[6] Mais le regard de la véritable doctrine, quand il s’agit de cette majesté sublime, ne se porte pas en bas ni en haut pour faire un rapprochement. Toutes choses en effet restent également au-dessous de la puissance directrice de l’univers, de sorte que si la créature terrestre semble par sa nature indigne de cette étroite union avec la divinité, on ne saurait pas davantage en trouver une autre qui en fût digne. Si tout reste également loin de cette majesté, une seule chose s’accorde avec la dignité de Dieu : secourir la créature dans le besoin. En reconnaissant que la puissance qui guérit est allée là où se trouvait la maladie, en quoi notre croyance manque-t-elle à l’idée qu’on doit se faire de Dieu ?

XXVIII. Mais les adversaires tournent en ridicule notre nature ; ils reviennent sans cesse sur le caractère