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sur ses vues bienfaisantes cette étroite union. Là où le mal n’existait pas, et où ce n’était pas la vie humaine qui était gouvernée, comment veut-on que l’homme en soit descendu pour revêtir Dieu, et il serait plus juste de dire non pas un homme, mais un portrait, une image de l’homme ? Comment se serait opéré le redressement de notre nature, si la créature terrestre étant malade, c’était un être différent qui eût été choisi parmi les habitants célestes pour se mélanger avec Dieu ? Car le malade ne peut éprouver l’effet du traitement, si ce n’est pas la partie souffrante qui reçoit spécialement la guérison.

[4] Si donc la partie malade était sur terre, et si la puissance divine, par souci de sa propre dignité, ne s’était pas attachée à cette partie malade, la sollicitude qui eût absorbé la puissance divine autour d’objets n’ayant rien de commun avec nous, eût été sans profit pour l’homme. Car l’indignité eût été la même pour la Divinité, si toutefois il n’est pas absolument sacrilège de concevoir d’autre indignité que le vice. Mais pour l’esprit mesquin, aux yeux de qui la majesté divine consiste à ne pas admettre de contact avec les caractères propres de notre nature, le déshonneur n’est nullement atténué, que ce soit sur un corps céleste ou terrestre que la Divinité se soit façonnée. Toute la création, en effet, est, à une égale distance, inférieure au Très-Haut, que l’élévation de sa nature rend inaccessible, et l’univers reste sur le même rang au-dessous de lui. Car ce qui est absolument inaccessible n’est pas accessible à tel objet, et inabordable pour tel autre, mais se trouve également élevé au-dessus de tout ce qui existe.