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XXV. Que la Divinité ait revêtu notre nature, c’est un fait qui ne saurait présenter rien d’étrange ni de contraire au bon sens pour les esprits qui conçoivent la réalité sans mesquinerie excessive. Qui serait assez faible d’esprit pour ne pas croire, en considérant l’univers, que la Divinité est tout, qu’elle se revêt de l’univers, qu’elle l’embrasse et y réside ? Ce qui existe dépend en effet de celui qui existe, et rien ne peut exister qui ne possède l’existence dans le sein de Celui qui est [Ex., iii, 14]. Si donc tout est en lui, et s’il est dans tout, pourquoi rougir de la religion qui nous enseigne que Dieu a pris naissance dans l’homme, puisqu’aujourd’hui même la foi n’exclut pas de l’homme son existence ?

[2] Si en effet la présence de Dieu en nous ne prend pas ici la même forme que là, il n’en est pas moins reconnu que maintenant comme alors il est également en nous. Aujourd’hui il est mêlé à nous, en tant qu’il maintient la nature dans l’existence ; alors il s’est mélangé à notre être, pour que notre être pût devenir divin par son mélange avec le divin, après avoir été arraché à la mort, et délivré de la tyrannie de l’ennemi ; car sa résurrection devient pour la race mortelle le principe du retour à la vie immortelle.

XXVI. Mais peut-être, en examinant la justice et la sagesse qui s’observent dans ce plan divin, est-on amené à regarder comme une sorte de tromperie la méthode imaginée dans ces conditions par Dieu en vue de notre salut. En se livrant au maître de l’homme sans dévoiler sa divinité, mais en la recouvrant de la nature humaine,