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sance divine ouvrait ses mystérieux trésors ; le pain qui naissait tout prêt, comme un produit de la terre, entre les mains des serviteurs [Matt., xiv, 20 ; Marc, vi, 42, 43], et se multipliait à mesure que s’en rassasiaient les convives, la bonne chère fournie par les poissons, sans que la mer eût à subvenir aux besoins du repas, mais grâce à celui qui avait répandu dans la mer l’espèce des poissons.

[3] Et comment passer un à un en revue les miracles de l’évangile ? Devant cette puissance, l’ennemi comprit que le marché proposé lui donnait plus qu’il ne possédait. Voilà pourquoi il choisit le Sauveur comme rançon des prisonniers retenus dans le cachot de la mort. Mais il lui était impossible de contempler en face la vision de Dieu se présentant sans voile : il fallait qu’il pût voir en lui une part de la chair dont il s’était déjà rendu maître par le péché. Aussi la divinité s’est-elle recouverte de l’enveloppe charnelle, afin que l’ennemi, ayant sous les yeux cet élément bien connu et familier, ne fût pas saisi d’effroi, à l’approche de la puissance supérieure, et que, remarquant la puissance dont la lumière grandissait doucement à travers les miracles, il jugeât cette apparition plus digne d’attirer le désir que d’exciter l’effroi.

[4] Vous voyez comment la bonté a été unie à la justice, et comment la sagesse n’en a pas été séparée. Que la puissance divine ait imaginé de devenir accessible en s’enveloppant d’un corps, afin que le plan de notre salut ne fût pas entravé par l’effroi de l’apparition divine, ce fait démontre l’union de tous ces attributs : bonté, sagesse, justice. La volonté de nous sauver atteste