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fût affectée par son contact avec la mobilité de la volonté humaine ? Car il ne serait pas venu nous sauver, comme le dit David [Ps., cvi, 4-5 ; cxix, 65, 66, 68], si un sentiment de bonté n’avait déterminé un tel dessein.

[4] Mais la bonté de ce dessein eût été inutile, si la sagesse n’avait rendu actif l’amour de l’humanité. Et en effet, dans le cas des malades, nombreux sont sans doute ceux qui désirent voir délivrée de ses maux la personne souffrante, mais ceux-là seuls font aboutir leur bonne volonté en faveur des malades, qui trouvent dans leur science un moyen de travailler activement à la guérison du patient. La sagesse doit donc avoir été unie de la façon la plus étroite à la bonté.

[5] Comment la sagesse se découvre-t-elle dans les faits unie à la bonté ? Car il n’est pas possible de percevoir en soi, isolément, la bonté de l’intention. Comment en effet le dessein pourrait-il se manifester s’il ne se montrait dans les faits ? Or les actions accomplies, en se déroulant suivant un enchaînement régulier et un certain ordre, laissent paraître le caractère sage et savant du plan divin.

[6] Et puisque la sagesse, comme on l’a dit plus haut, est une vertu à la condition expresse d’être associée à la justice, et que si on l’en séparait, elle ne serait plus, prise à part, un bien en soi, il serait bon d’unir aussi en pensée, dans la doctrine du plan relatif à l’homme, ces deux attributs, je veux dire la sagesse et la justice.

XXI. Qu’est-ce donc que la justice ? Nous nous souvenons des points établis au début du discours, d’après la suite naturelle des idées : l’homme a été créé à l’image de la nature divine, et conserve sa ressemblance avec la