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XX. Tout le monde convient que la foi doit attribuer à la Divinité non seulement la puissance, mais aussi la justice, la bonté, la sagesse, et tout ce qui porte la pensée vers la nature supérieure. Par suite, pour le plan dont nous parlons, il est impossible que tel des attributs convenables à Dieu tende à se manifester dans les faits accomplis à l’exception de tel autre. Car il n’est absolument aucun de ces noms sublimes qui représente en soi, et en soi seul, une vertu indépendamment des autres : la bonté n’est pas vraiment telle, si elle n’est placée aux côtés de la justice, de la sagesse et de la puissance ; car l’absence de justice, ou de sagesse, ou de puissance n’a pas le caractère du bien. De même la puissance séparée de la justice et de la sagesse n’est pas conçue comme rentrant dans la vertu, car la puissance, sous cette forme, est une chose brutale et tyrannique. [2] De même aussi les autres attributs, la sagesse, si elle était donnée indépendamment de la justice, ou la justice, si elle n’était conçue avec la puissance et le bien, seraient, dans ces conditions, appelées plus justement du nom de vice ; car ce qui manque de l’élément supérieur, comment le compter au nombre des biens ?

[3] Mais puisqu’il convient de réunir dans nos idées sur Dieu tous ces attributs, examinons si quelqu’une des conceptions que l’on doit se faire de Dieu manque au plan divin qui concerne l’homme. Nous cherchons, à propos de Dieu, toutes les marques qu’il donne de sa bonté. Et quel témoignage de bonté aurait pu être plus éclatant que de réclamer le transfuge passé à l’ennemi, sans que la nature ferme dans le bien et immuable