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une maladie de notre nature ; Dieu au contraire, suivant le mystère de notre religion, est exempt de l’un et de l’autre. Si donc la naissance a été exempte de volupté, et si la vie a été exempte de vice, quelle infirmité subsiste-t-il qui ait été partagée par Dieu, suivant le mystère de notre sainte religion ?

[4] Et si notre adversaire traite d’infirmité la dissociation de l’âme et du corps, il serait juste qu’il donnât bien auparavant ce même nom à la réunion des deux éléments. Car si la séparation des éléments qui étaient unis est une infirmité, l’union des éléments qui étaient séparés en est également une ; il y a changement, en effet, dans l’assemblage de ce qui était séparé, comme dans la dissociation des éléments qui étaient entrés en contact, et avaient formé un tout.

[5] Le nom qu’on donne au changement final est précisément celui qui convient aussi au changement initial. Mais si le premier changement accompli, celui que nous appelons naissance, n’est pas une infirmité, on ne saurait non plus traiter logiquement d’infirmité le second changement, celui que nous nommons mort, et dans lequel se dissout l’union du corps et de l’âme.

[6] Quant à Dieu, nous soutenons qu’il a passé par les deux évolutions de notre nature, dont l’une met l’âme en contact avec le corps, et dont l’autre sépare le corps de l’âme ; et nous affirmons que s’étant mêlé à chacun des deux éléments, je veux dire à la partie sensible et à la partie intelligible du composé humain, il a, grâce à cette combinaison ineffable et inexprimable, exécuté son dessein : l’union durable, et même éternelle, des éléments une fois unis, c’est-à-dire de l’âme et du corps.