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qui nous sont appliquées du dehors, et qui à l’occasion offrent leur utilité à notre corps, sans être inhérentes à sa nature.

[5] La condition mortelle a donc été, en vertu d’un plan approprié, empruntée à la nature des êtres privés de raison, pour revêtir la nature qui avait été créée en vue de l’immortalité ; elle en enveloppe l’extérieur, non l’intérieur ; elle intercepte la partie sensible de l’homme, mais ne touche pas à l’image divine elle-même. Or la partie sensible se dissout, mais n’est pas détruite, car la destruction est le passage au néant, tandis que la dissolution est le retour de cette partie aux éléments du monde, dont elle était formée, et sa dispersion. Ce qui se trouve en cet état n’a pas péri, bien qu’échappant à notre perception sensible.

[6] La cause de la dissolution est éclaircie par l’exemple que nous avons donné. Comme les sens ont une étroite affinité avec l’élément épais et terrestre, et que la nature de l’intelligence est supérieure aux mouvements de la sensation et plus élevée qu’eux, voilà pourquoi le discernement du bien, lorsque les sens en ont fait l’essai, a été égaré par eux, et cette méconnaissance du bien a déterminé la formation de l’état contraire ; c’est ainsi que la partie de nous-mêmes devenue inutile pour avoir accueilli l’élément contraire est livrée à la dissolution. Voici quel est le sens de l’exemple. [7] Supposons le cas suivant : un vase fait d’argile a été rempli par malveillance de plomb fondu, et le plomb une fois versé s’est solidifié de sorte qu’il est désormais impossible de le faire couler hors du vase. Le propriétaire du vase le réclame, et connaissant l’art du potier, il brise l’enve-