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[3] Par un libre mouvement de notre volonté, nous avions contracté la participation au mal, en faisant entrer le mal dans notre nature, à la faveur d’un sentiment de plaisir, comme un poison assaisonné de miel ; et étant déchus, pour cette faute, de la félicité que nous concevons dans l’absence de passions, nous avions été transformés par ce mouvement vers le mal. Voilà pourquoi l’homme retourne à la terre en se décomposant, à la façon d’un vase de terre cuite, pour qu’une fois débarrassé de l’impureté qu’il renferme actuellement, il soit restauré par la résurrection dans sa forme primitive.

[4] C’est une doctrine toute semblable que Moïse nous expose à la manière d’un historien et sous le voile d’allégories. D’ailleurs ces allégories elles-mêmes contiennent un enseignement très clair. Quand les premiers hommes se laissèrent entraîner à ce qui était défendu, et furent dépouillés de cette félicité bénie, dit Moïse, [Gen., iii, 21] le Seigneur donna des vêtements de peau aux premiers hommes créés. Selon moi, ce n’est pas à des peaux de cette nature que se rapporte le sens véritable du récit. De quelle espèce, en effet, sont les animaux qui, une fois égorgés et dépouillés, fournissent le vêtement ainsi imaginé ? Mais étant donné que toute peau séparée de l’animal est chose morte, je suis absolument persuadé que cette condition mortelle, jusque-là réservée à la nature privée de raison, fut désormais appliquée aux hommes, dans une pensée de sollicitude prévoyante, par le médecin qui soignait notre disposition au mal, sans être destinée par lui à subsister éternellement. En effet, le vêtement rentre dans les choses