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réalité n’est pas l’œuvre de celui qui a créé la réalité.

[4] La responsabilité du mal ne retombe donc pas sur Dieu, auteur de ce qui est, et non de ce qui n’est pas ; créateur de la vue, et non de la cécité ; qui a produit la vertu, et non la privation de vertu ; qui a proposé comme récompense à ceux qui régleraient leur conduite sur la vertu le privilège de jouir des biens divins, sans avoir assujetti la nature humaine à son bon plaisir par aucune nécessité tyrannique, en l’entraînant vers le bien contre son gré à la façon d’un objet inanimé. Si, quand la lumière brille de tout son éclat dans un ciel pur, on se prive volontairement de la vue en abaissant les paupières, le soleil ne saurait être mis en cause par celui qui n’y voit pas.

BUT DE LA VIE ET DE LA MORT

VIII. Mais on s’indigne, en tout cas, quand on tourne les yeux vers la dissolution du corps ; on admet difficilement que notre existence prenne fin avec la mort, et on représente comme le pire des maux que notre vie s’éteigne dans la condition du cadavre. Que l’on considère donc, dans cette triste nécessité, l’excès de la bienfaisance divine, et peut-être ainsi sera-t-on amené plutôt à admirer la faveur qui se manifeste dans la sollicitude de Dieu pour l’homme. [2] C’est la jouissance des plaisirs qui attache à l’existence ceux qui participent à la vie. Car celui dont l’existence se passe au milieu des peines juge, dans ces conditions, qu’il vaut beaucoup mieux ne pas être que d’être en proie à la souffrance. Examinons donc si l’organisateur de cette vie a eu un autre but que de nous faire vivre dans les conditions les meilleures.