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étrange et intolérable que, de la nature placée sous sa dépendance, sorte et se manifeste une substance faite à l’image de la dignité souveraine.

[6] Quant à la question de savoir comment a pu tomber dans la passion de l’envie celui qui n’avait été créé en vue d’aucune fin mauvaise par la puissance qui a organisé selon le bien l’univers, il n’entre pas dans l’objet du présent ouvrage de la traiter en détail, mais il est possible d’en exposer l’enseignement, même en quelques mots, aux esprits un peu dociles. On ne conçoit pas en effet l’opposition de la vertu et du vice comme celle de deux choses se manifestant en substance ; mais de même que le néant s’oppose à l’être, sans qu’on puisse qualifier de substantielle l’opposition du néant et de l’être, car nous disons au contraire que la non-existence s’oppose à l’existence, de même aussi le vice s’oppose à l’idée de la vertu. Il n’existe point en lui-même, mais il est conçu comme résultant de l’absence du bien. Nous disons que la cécité s’oppose à la vue, non que la cécité existe naturellement par elle-même : la possession précède la privation ; de même aussi le vice se conçoit, disons-nous, dans la privation du bien, à la façon d’une ombre dont le progrès suit le recul de la lumière.

[7] Or, la nature incréée n’admet pas le mouvement dans le sens d’un changement, d’une transformation, d’une altération, et tout ce qui existe au contraire par l’effet de la création a une tendance naturelle au changement, puisque l’existence même de la création est partie du changement qui, en vertu de la puissance