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faible, notre vie par suite est éphémère, inconsistante notre puissance, incertain notre verbe. [4] Dans la nature souveraine, au contraire, tous les attributs qu’on lui accorde s’étendent pour se proportionner à la grandeur du sujet. Par conséquent, lorsqu’on parle du Verbe de Dieu, on ne doit pas s’imaginer qu’il tient sa réalité de l’acte de la parole, pour perdre ensuite cette réalité, à la façon de notre propre verbe. Comme notre nature périssable a un verbe périssable, ainsi la nature incorruptible et éternelle possède un Verbe éternel et substantiel.

[5] Une fois que la suite du raisonnement aura ainsi amené l’adversaire à confesser la substance éternelle du Verbe divin, force lui sera bien de convenir que la substance du Verbe est douée de vie. Il serait impie, en effet, d’attribuer au Verbe une substance inanimée à la façon des pierres. S’il est une substance pensante et incorporelle, il possède absolument la vie ; s’il est dépourvu de vie, il est aussi absolument dépourvu de substance. Mais précisément, on a montré l’impiété d’une conception qui donnerait le Verbe comme dépourvu de substance. On a donc, du même coup, démontré en bonne logique que le Verbe dont il est question possède la vie. [6] Or, si l’on a la conviction que la nature du Verbe est simple, selon toute apparence, et qu’elle ne se montre ni double ni composée, on ne saurait envisager le Verbe vivant comme participant à la vie. En effet, une conception de ce genre, soutenant que l’un est contenu dans l’autre, rentrerait dans le cas d’une nature composée. Mais il faut nécessairement, si l’on reconnaît l’unité de nature, regarder le Verbe