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Dieu le Fils unique, et on n’aura pas recours aux mêmes armes pour renverser, dans les esprits livrés aux erreurs des hérésies, les fictions erronées qu’ils brodent sur les dogmes. Et en effet, les raisons qui peuvent remettre dans le droit chemin le partisan de Sabellius ne sont pas celles qui feront du bien à l’Anoméen, pas plus que la lutte engagée contre le Manichéen n’est profitable au Juif. Il faut, encore une fois, considérer les opinions préconçues des individus, et régler son enseignement sur la nature de l’erreur dont chacun d’eux est atteint, en mettant en avant, dans chaque discussion, certains principes et propositions vraisemblables, afin que les points sur lesquels les parties sont d’accord permettent de découvrir la vérité, par la suite logique de l’argumentation.

[4] Ainsi donc, toutes les fois que l’on discute avec un homme attaché aux croyances grecques on fera bien de débuter ainsi : Croit-il à la divinité, ou partage-t-il l’opinion des athées ? S’il nie l’existence de Dieu, on l’amènera, en partant de la savante et sage économie du monde, à reconnaître là l’existence d’une puissance qui s’y manifeste et qui est supérieure à l’univers. Si au contraire il ne met pas en doute l’existence de la divinité, mais se laisse entraîner à croire à une multitude de dieux, ayons recours à une argumentation de ce genre : [5] La divinité, selon lui, est-elle parfaite ou imparfaite ? Si, comme il est probable, il confesse la perfection de la nature divine, obligeons-le à étendre cette perfection à tous les aspects de la divinité, de peur qu’il ne considère le divin comme un mélange de contraires, l’imparfait s’y unissant au par-