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de notre parole, charmant les autres et nous laissant charmer par eux à notre tour. Mais maintenant notre allégresse s’est changée en deuil, et nos habits de fête en cilice. Fallait-il peut-être imposer silence à notre douleur et tenir renfermé dans nos cœurs un désespoir muet, afin de ne pas troubler les enfants de la chambre nuptiale, nous qui n’avons pas la belle robe de l’hymen, et dont la parole est couverte d’un vêtement de deuil ? Car, dès que le beau fiancé s’est éloigné de nous, une sombre affliction a fondu sur nous soudain, et nous ne pouvons plus orner notre discours, comme jadis, de couleurs riantes, puisque le démon nous a dépouillés de notre parure. Nous sommes venus vers vous chargés de biens ; nous nous éloignons pauvres et nus : le flambeau était droit au-dessus de nos têtes et brillait d’un riche éclat ; nous le remportons éteint, et sa lumière s’est dissipée en fumée et en cendre. Nous portions le précieux trésor dans un