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mais alors, trop esclave de la matière, j’aspirais à la gloire de l’éloquence : je n’avais pas encore levé les yeux vers la parole de vérité, le Verbe suprême ; je n’avais pas encore donné tout à Dieu, de qui tout nous vient, pour recevoir Dieu en échange de tout. Ainsi, n’attendez de moi rien de pareil, si vous voulez que vos conjectures soient vraies. Pleurant sur celui qui s’est éloigné de nous, nous ne franchirons pas les bornes, nous qui blâmons chez les autres l’excès de la douleur ; nous saurons aussi le louer avec mesure : et pourtant quel présent plus cher et plus convenable pour l’homme éloquent que le discours ? pour celui qui aima singulièrement ma parole, que l’éloge ? Ce n’est même pas seulement un présent, c’est une dette, et la plus juste de toutes les dettes. Mais quand nous aurons donné à son souvenir ce qu’il faut de larmes et de louanges pour satisfaire à l’usage (usage qui n’est pas étranger à notre sagesse même : car « La mémoire du juste