vouloir courber sous le joug, sans les entendre , des hommes qui ne veulent pas anticiper sur vos droits /mais jouir de ceux que leur assurent la nature et la loi (i) 2 A défaut de raisons, les colons blancs sèment des terreurs paniques ; tantôt ils nous disent qu’un décret en faveur des mulâtres , les feroit tous égorger 5 ce qui annonce des dispositions fort charitables de la part des blancs ; tantôt c’est l’inverse. Vous allez, disent-ils, nous faire massacrer tous. Et par qui , messieurs ? par les noirs ; pouvez-vous craindre des hommes que vous nous peignez si heureux sous votre régime, que leur sort est infiniment préférable à celui de nos villageois ? Selon vous , les Nègres se refuseroient à rechange, ils ne voudroient pas retourner en Guinée , ni même accepter le don de la liberté , par les sang-mêlés. Calomnie grossière : ils ne demandent paisiblement que la rentrée dans leurs droits ,
(1) Je reçois en ce moment un mémoire intéressant,
que m’envoie M. Manieville , capitaine au régiment de
Pondichéri ; j’y lis ce passage honorable pour les sangmêiés
de nos colonies dans cette partie du monde : " Les
» gens de couleur libres , ont réclamé le droit de porter
m la cocarde nationale : après beaucoup de difficultés,
» la permission leur en # été accordée. Le refus eût
» été de toute injustice. Cette espèce d’hommes a fempli ,
dans tous les temps , ks devons de bons citoyens,
»> et de sujets fidèles : pendant toute la gue%e ; ils ont servi
» avec zèle sur notre escadre, et par- tout où l’on a voulu
« les emplover. Au dernier siège, de Pondichéry , t’ai été temoin
delà valeur des Topasses ( soldats mulâtres) , dont
O o on avoit formé une troupe particulière. Cette classe mtéressante
est victime d’un préjugé cruel ; mais son sort
3 , est infiniment plus doux dans les colonies françaises ,
» au-delà du cap de Bonne-Espérance , eue dans celles de
» l’Amérique «.