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de fatigues et de coups, le plus utile des animaux domestiques, le cheval, que Buffon appelle la plus belle conquête de l’homme, accoutument le peuple à être insensible et cruel. Je me rappelle avec plaisir d’avoir lu au marché de Smith-Field, à Londres, le réglement qui décerne des amendes contre quiconque maltraiteroit inutilement des animaux.

Cette discussion se rattache à mon sujet ; car si les principes de moralité s’étendent même aux rapports de l’homme avec les brutes, les Nègres, fussent-ils dépourvus d’intelligence, auroient encore des réclamations à exercer ; mais si les recherches les plus approfondies sur l’organisation humaine prouvent que, malgré les différences de couleur, jaune, cuivrée, noire et blanche, elle est une ; si des vertus et des talens prouvent invinciblement que les Nègres, susceptibles de toutes les combinaisons de l’intelligence et de la morale, constituent, sous une peau différente, une espèce identique à la nôtre, combien paroîtront plus coupables ces Européens qui, foulant aux pieds les lumières, les sentimens répandus par le christianisme,