Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’on transporte dans les ateliers sans leur donner de vêtemens ; pour se couvrir, ils sont réduits à se faire des ceintures de mousse. Robin reproche encore aux femmes créoles de renchérir sur les hommes en cruauté. Les Nègres condamnés au fouet sont attachés face contre terre, entre quatre piquets. Elles voient sans émotion le sang ruisseler, et les longues lanières de peau se lever sur le corps de ces malheureux. Les Négresses enceintes ne sont pas exemptes de ce supplice ; on prend seulement la précaution de creuser la terre dans l’endroit où doit être placé le ventre. Témoins journaliers de ces horreurs, les enfans blancs font leur apprentissage d’inhumanité en s’amusant à tourmenter les Négrillons[1]. Et cependant, quoique le cri de l’humanité s’élève de toutes parts contre les forfaits de la traite et de l’esclavage, quoique le Danemark, l’Angleterre, les États-Unis repoussent l’une et l’autre, on ose chez nous en solliciter le rétablissement[2], mal-

  1. V. T. I, p. 175 et suiv.
  2. Un anonyme a même publié un pamphlet sous ce titre : De la nécessité d’adopter l’esclavage en