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zet, Yvan-Raiz, voyageur russe, disoit : Les académies d’Europe retentissent d’éloges décernés à des noms illustres, et Benezet n’est pas sur leurs listes. À qui donc réservent-elles des couronnes[1] ? Ce Français qui excita si puissamment l’admiration des étrangers n’est pas même connu en France ; il n’a pas trouvé la moindre place chez nos entrepreneurs de dictionnaires ; mais Benjamin Rush, et une foule d’Anglais et d’Américains ont réparé cette omission.

Des hommes qui ne consultent que leur bon sens, et qui n’ont pas suivi les discussions relatives aux colonies, douteront peut-être qu’on ait pu ravaler les Nègres au rang des brutes, et mettre en problème leur capacité intellectuelle et morale. Cependant cette doctrine, aussi absurde qu’abominable, est insinuée ou professée dans une foule d’écrits. Sans contredit les Nègres, en général, joignent à l’ignorance des préjugés ridicules, des vices grossiers, surtout les vices inhérens aux esclaves de toute espèce, de toute

  1. V. The American Museum, in-8o, t. IV, Philadelphie 1788, p. 161 ; et t. IX, 1791, p. 192 et suiv.