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perfectionné cet art funeste. Que de preuves en offre la conduite de cette fameuse Gingha ou Zingha, reine d’Angola, morte en 1663, à quatre-vingt-deux ans, à qui un esprit éminent, et une intrépidité féroce assurent une place dans l’histoire. Comme la plupart des grands criminels de son rang, elle voulut, dans sa vieillesse, expier ses forfaits par des remords qui ne rendoient pas la vie aux malheureux qu’elle avoit fait périr.

En partant des idées reçues parmi nous, communément on croit qu’un peuple n’est pas civilisé, s’il n’a des historiens et des annales. Nous ne prétendons pas mettre les Nègres au niveau de ceux qui, héritiers des découvertes de tous les âges, y ajoutent les leurs ; mais peut-on inférer de là que les Nègres sont incapables d’entrer en partage du dépôt des connoissances humaines ? Si, par la raison qu’on ne possède pas, on étoit inhabile à posséder, les descendans des anciens Germains, Helvétiens, Bataves et Gaulois, seroient encore barbares ; car il fut un temps où ils n’avoient pas même l’équipement des Quipos du Mexique, ni des Bâtons