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les rapports et tirer de ce rapprochement quelques conclusions sur le caractère de son action pédagogique.

C’est le 16 août 1689, c’est-à-dire dix-huit mois à peine après la publication de son traité, qu’il était appelé à diriger l’éducation du fils du dauphin, le duc de Bourgogne[1]. La nouvelle en fut accueillie de toutes parts avec une sympathie marquée. « Saint Louis n’aurait pas mieux choisi, écrivait Mme de Sévigné à Mme de Grignan (21 août 1689) ; cet abbé de Fénelon est un sujet du plus rare mérite pour l’esprit, pour le savoir et pour la piété. » Et elle y revient comme à un point qui intéresse les salons et les ruelles : « Vous me parlez de M. de Beauvillier, de l’abbé de Fénelon et de la perfection de tous ces choix ; comme je vous en ai déjà parlé, ils sont divins. » (4 septembre 1789.)

Le choix était-il aussi inattendu qu’il paraissait justifié ? Les ennemis de Fénelon l’accusaient de s’être habilement poussé à cet emploi, que Louis XlV devait un jour se reprocher publiquement de lui avoir confié, et ses amis ne le défendaient que mollement. « Mon enfant, lui écrivait l’abbé Tronson à l’occasion des compliments que lui exprimaient quelques-uns des plus dévoués pour n’avoir pas brigué la faveur dont il était l’objet ; — mon enfant, il ne faut pas trop vous appuyer là-dessus ; on a souvent plus de part à son élévation qu’on ne pense !… On ne sollicite pas fortement les personnes

  1. « Le roi a nommé (le 16 août) le duc de Beauvillier, premier gentilhomme de la chambre, pour gouverneur de Monseigneur le duc de Bourgogne (âgé de sept ans), et l’abbé de La Mothe-Fénelon pour son précepteur. » (Gazette du 20 août.) — Voir le Mercure d’août 1869, p. 240-249.