de la grammaire et du calcul : il pousse jusqu’aux notions de droit, en sorte que la femme éloignée de son mari ou devenue veuve puisse suivre ses intérêts. Pour celles qui ont du loisir et de la portée, non seulement il autorise les histoires grecque et romaine, qui étaient en usage, mais il recommande l’histoire de France, qui n’avait pas place encore dans les études des jeunes gens : « tout cela contribue à agrandir l’esprit et à élever l’âme. » Il n’interdit enfin ni l’éloquence, ni la poésie, ni la musique, ni la peinture, ni même le latin. Nous voilà loin du temps où « une fille était tenue pour bien élevée, qui savait lire, écrire, danser, sonner des instruments, faire des ouvrages, et qui ne mettait pas moins de dix ou douze ans à l’apprendre » ! Que pourrions-nous demander de plus aujourd’hui, à ne regarder que le cadre ?
Mais dans ce cadre général Fénelon se reprocherait de trop embrasser, et sur chaque point il se resserre. Il craindrait que les jeunes filles ne fussent plus éblouies qu’éclairées par ces connaissances, s’il ne les avertissait « qu’il y a pour leur sexe une pudeur sur la science presque aussi délicate que celle qu’inspire l’horreur du vice. » Il ne lui paraît pas nécessaire qu’elles apprennent la grammaire par règles : il suffit qu’elles s’accoutument à ne point prendre un temps pour un autre, à se servir des termes propres, à expliquer leurs pensées avec ordre et d’une manière courte et précise. C’est exclusivement pour les dresser à faire des comptes qu’il les exerce sur les quatre règles du calcul. S’il conseille la lecture des histoires, c’est qu’il la considère comme le meilleur moyen de dégoûter