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il faut qu’elles sachent ce qui se dit, ce qui se fait : une chanson, une nouvelle, une intrigue ; qu’elles reçoivent des lettres et lisent celles que reçoivent les autres ; qu’on leur raconte les choses pour qu’elles les aillent raconter à leur tour. » Toutes, quelle que soit leur pente diverse, glissent et s’enfoncent dans les défauts propres à leur sexe : les emportements d’affection ou d’aversion, l’esprit d’artifice, la piété mondaine, la vanité de la beauté et des ajustements.

À ces défaillances d’esprits mal nourris Fénelon oppose les fermes peintures et les substantiels conseils de l’expérience la plus déliée. Les esquisses qu’il trace de la précieuse et des dégoûts qui la surmontent sont, avec plus de retenue dans l’expression, aussi franches que les portraits de Molière. Il a sur la mode un article qui ne le cède en rien pour le piquant au chapitre de La Bruyère ; je ne sais même si ses critiques malignes sur « les entassements de coeffe, les bouts de rubans, les boucles de cheveux plus haut ou plus bas, qui sont autant d’affaires, ou sur les beautés encore charmées d’elles-mêmes, alors que les cœurs se sont depuis longtemps détachés d’elles, » n’entrent pas plus avant dans l’analyse de ce travers. Ni Bossuet ni Bourdaloue n’ont touché avec une ironie plus mordante cette fausse piété « où l’on traite Dieu comme on fait les personnes qu’on respecte, qu’on voit rarement, par pure formalité, sans les aimer et sans être aimé d’elles, — où tout se passe en cérémonies, en compliments où l’on se gêne, d’où l’on a impatience de sortir. » Et assurément il n’est pas de moraliste, du siècle ou de la chaire, qui ait démêlé plus au clair les ruses et les comédies de la finesse. Soit qu’il en dépeigne le manège, en