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V

Parvenu à ce second degré d’éducation, Fénelon cesse de poursuivre l’étude des méthodes communes aux deux sexes. C’est aux jeunes filles exclusivement qu’est consacré le reste du traité. Plus serrées peut-être, plus suivies du moins, ses directions témoignent d’une observation particulièrement souple et juste.

Le danger des éducations ordinaires, de celles que Fénelon veut corriger, c’est de ne laisser dans l’esprit des jeunes filles que le vide. Ce vide se remplit comme il peut. « N’ayant pas de curiosité raisonnable, les jeunes filles en ont une déréglée. » Faute de pouvoir s’attacher aux choses solides, elles se jettent dans les frivolités le plus souvent ridicules et parfois dangereuses. Parmi celles qui ont de l’esprit, les unes s’érigent en précieuses, lisent, parlent, décident, s’exaltent pour des romans ou des comédies, « se remplissent l’imagination du merveilleux et du tendre, deviennent visionnaires, cherchent à travers le monde des personnages qui ressemblent à leurs héros, et affectent partout de s’ennuyer par délicatesse, la plupart des gens leur étant fades et ennuyeux. » Les autres s’entêtent en matière de religion et se passionnent dans des disputes qui les surpassent : « toutes les sectes naissantes doivent leurs progrès aux femmes qui les ont insinuées et soutenues. » D’autres enfin, qui n’ont pas ces ouvertures, et c’est le plus grand nombre, s’amusent à tout ce qu’elles rencontrent : ne trouvant pas en elles-mêmes de quoi s’occuper, «