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éducations ordinaires, dit-il en résumant avec force sa pensée, c’est qu’on met tout le plaisir d’un côté, tout l’ennui de l’autre, tout l’ennui dans l’étude, tout le plaisir dans le divertissement. Que peut faire un enfant, sinon supporter impatiemment cette règle et courir ardemment après les jeux ? » Et lui-même, dans une sorte d’impatience de la règle, il semble se préoccuper par-dessus toute chose de rendre l’étude agréable : « il faut que le plaisir fasse tout. » À ce compte, le travail ne serait plus qu’une sorte de divertissement plus sérieux que les autres et où l’effort n’aurait rien à voir. Mais, par un effet de l’admirable souplesse avec laquelle, après un élan d’exagération, il revient et ne craint pas de se retourner contre lui-même, Fénelon conclut que tout ce qu’il prétend, c’est égayer l’étude, ou, comme il le dit ailleurs, en cacher la sévérité inévitable sous l’apparence de la liberté et de l’agrément. En dernière analyse, il suffit à son bon sens supérieur que pour le jeune enfant la leçon soit interrompue par de petites saillies de récréation ; que le travail ne lui soit jamais présenté comme une menace ; qu’il en saisisse toujours plus ou moins le but et sous la peine du moment sente poindre la satisfaction à venir : ce qui n’est autre chose que ce que nous cherchons à obtenir aujourd’hui.

De même sur l’émulation et son principe. Les maîtres de Port-Royal, comme plus tard J.-J. Rousseau, ne voyaient dans l’émulation que l’exaltation d’un mauvais sentiment. Fénelon se rend compte de ce que ce sentiment peut avoir de bon et d’utile pour « piquer l’esprit et lui donner du goût. » Mais il a conscience aussi que la source n’en est pas toujours pure ; il dépeint la jalousie