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éducation. Les méthodes qui se rattachent à ces principes ne présentent pas moins de précision ni d’intérêt.

IV

Mme Necker de Saussure estime que jusqu’à dix ans les filles et les garçons peuvent être élevés suivant les mêmes règles. C’était aussi, à ce qu’il semble, le sentiment de Fénelon. Non qu’il admette que les enfants soient mêlés indifféremment ; sur ce point il va jusqu’à interdire aux filles toute société avec des filles dont l’esprit n’est pas suffisamment sûr — même pour les divertissements. Mais les méthodes applicables à l’éducation du premier âge varient si peu, dans sa pensée, avec les sexes, qu’à peine éprouve-t-il deux ou trois fois le besoin d’indiquer que telle prescription concerne plus particulièrement les filles : c’est l’enfant, fille ou garçon, l’enfant dans les débuts de sa croissance intellectuelle et morale, qu’il étudie en rapportant toutes ses observations à un régime commun.

Cette première éducation n’est, au surplus, qu’une sorte de discipline préparatoire, et Fénelon en résume toute la doctrine en un mot qu’il a donné pour titre à l’un de ses chapitres les plus substantiels : « Il ne faut pas presser les enfants. » Nos systèmes modernes témoignent en général d’une hâte fiévreuse. Il faut partir de bonne heure, aller devant soi sans compter, arriver vite ; et, comme la rapidité avec laquelle on fait le chemin n’en saurait diminuer ni la difficulté ni la longueur,