persuasion. Entreprise dès le berceau, elle doit être soutenue pendant toute la jeunesse et de façon à pénétrer par le raisonnement ou le sentiment jusqu’au fond de l’esprit ou du cœur. On ne gagne rien à aller au jour le jour sans intention réfléchie et à s’appuyer sur des règlements qui n’engendrent que la crainte. On croit couper au plus court ; la vérité est qu’on fait fausse route et que par ce chemin, qui est suivi pour l’ordinaire, on n’arrive point. Cette façon d’agir, livrée au hasard, superficielle, gênée, violente, trompe tout le monde, le maître et l’enfant. Un jour vient où, avertis par leurs fautes, les jeunes gens sont forcés de recommencer sur eux-mêmes le travail qu’on n’a pas fait avec eux : heureux encore quand, par l’accumulation des erreurs commises ou la force des habitudes contractées, les obstacles ne sont pas devenus insurmontables ! L’enfant se prête d’ailleurs à toute action qui s’exerce avec tact. Pour les jansénistes, l’homme vient au monde vicieux et corrompu ; le poids du péché originel l’entraîne. Dans le système de J.-J. Rousseau, l’homme naît pur et bon ; c’est la société qui le pervertit. Ni cette austérité sombre ni cet optimisme chagrin ne répondaient au sentiment de Fénelon. Il prend l’enfant tel qu’il se donne dans la franchise et la spontanéité de ses instincts mêlés de bien et de mal : « il faut se contenter, dit-il, de suivre et d’aider la nature. » Il ne se prive d’aucun des moyens qu’elle lui fournit : amour-propre, émulation, éloges ; il se défend de toute prévention de système : la seule fin qu’il se propose est « de diriger, en l’éclairant, cette âme qui n’a encore de pente vers aucun objet. »
Pour revendiquer ces principes avec tant de force, il