elles lui viennent à l’esprit et sans se piquer de rigueur. Rien ne ressemble moins à un traité en forme. L’auteur n’a nul souci d’équilibrer sa composition : il donne à la pédagogie générale, par exemple, beaucoup plus que ne semble l’exiger une consultation spéciale aux filles ; ses conseils sur l’explication raisonnée de l’Écriture sainte n’occupent pas moins de trois chapitres, tandis qu’il rassemble en quelques pages tout ce qu’il lui semble utile de dire sur les matières de son programme d’enseignement. De même dans le détail : il s’étend ou coupe court suivant l’inspiration du moment ; il a des retours inattendus et des conclusions anticipées ; il se laisse conduire, en un mot, par sa plume et ne lui refuse aucune aisance. Mais de ces réflexions souvent disproportionnées et discursives, qui se succèdent plutôt qu’elles ne s’enchaînent, et qui parfois ressemblent trop à une suite de notes, il se dégage un ensemble de principes et de méthodes qui forment un véritable corps de doctrine.
« Envoyez-moi votre fille, écrivait saint Jérôme à Læta ; je me charge de l’élever. » « Gardez auprès de vous votre fille, » répond Fénelon à une mère qui lui avait demandé son avis. Le conseil était nouveau. Le couvent était resté la ressource commune, presque la seule ressource d’éducation pour les jeunes filles. Fénelon n’hésite pas à en signaler les dangers. « J’estime fort l’éducation des bons couvents, dit-il en substance, mais je compte encore plus sur les soins d’une bonne mère, quand elle est libre de s’y appliquer. Si un couvent n’est pas régulier, c’est une école de vanité : les jeunes filles n’y entendent parler du monde que comme d’une espèce d’enchantement ; il n’est pas de poison plus subtil ;