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des jeunes filles à la mollesse ; il n’ignore pas qu’elles ont l’imagination errante et crédule, la sensibilité vive et inquiète, qu’elles se laissent entraîner par le babillage, enivrer par le bel esprit, dominer par la fausse honte, qu’elles sont nées artificieuses, passionnées, extrêmes en tout, qu’un violent désir de plaire les travaille, les livre à l’amour du faste, les expose à la corruption des mœurs et à la ruine. Il entend bien ne se laisser surprendre par aucune de ces dispositions dangereuses ; il les analyse avec profondeur, il les décrit avec force, presque durement. Mais ce n’est point là toute la femme. Elle a ses vertus propres ; elle est naturellement industrieuse, attentive au détail, ordonnée, apte à comprendre, insinuante et persuasive ; elle a par excellence la finesse, la grâce, le don de « policer » ; elle a aussi la raison pour développer ses qualités et se guérir de ses faiblesses ; la raison qui l’égale à l’homme : n’est-elle pas la moitié du genre humain ?

III

Mais quel régime d’éducation convient-il de lui appliquer ? On n’analyse pas plus un traité de pédagogie qu’un traité de morale pratique : il faut le lire. Le cardinal de Bausset, qui avait entrepris de résumer l’Éducation des filles, a dû y renoncer, ne trouvant, dit-il, rien à omettre. La difficulté ne vient pas seulement de l’abondance charmante des observations : elle tient aussi en partie à ce que Fénelon développe ses idées comme